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LE PRÉSENT.

lorsqu’il n’endort pas jusqu’à la mort, enfante les fureurs orgiaques du culte de Kali, la soif de sang des Thugs et les épouvantements de Cavnpore. Lorsque le cipaye, ivre de luxure et de meurtre, se baigne dans le sang anglais, quand il déchire et dépèce, avec la rage ardente et frénétique du tigre, les cadavres de femmes et d’enfants qu’il a préalablement souillés d’outrages indescriptibles, il n’assouvit pas un sentiment de vengeance nationale, il ne fait pas un holocauste au drapeau de la patrie et de la liberté : liberté, patrie sont des mots inconnus qui ne lui présentent aucun sens. Il fait tout simplement une pieuse offrande à Dourga, à Bhawani, ces affreuses divinités kouschites exhumées du charnier des siècles par les Pouranas.

II
LES INVASIONS.

Pendant que le brahmanisme victorieux, mais frappé de mort par sa victoire même, cherchait dans la barbarie des âges primitifs les moyens de prolonger son existence condamnée et berçait son impuissance sénile dans les creuses ténèbres des Pouranas, une autre réaction du passé, mais bien plus puissante, avait fait explosion dans l’occident de l’Asie ; opposant aux aspirations de l’avenir, représenté par l’esprit chrétien, une coalition de tous les mauvais instincts du cœur de l’homme, l’islamisme menaçait d’embraser toute la terre. Dans la quatrième année de l’Hégire, pendant que l’aile gauche des apnées qu’il avait fanatisées s’élançait, à travers la vallée du Nil et les déserts de Libye, vers les régions les plus reculées du Maugbreb, l’aile droite apparaissait sur les plateaux du Candahar, et s’emparait de Moultan. À partir de ce jour, et deux siècles durant, les Arabes et les néophytes qui grossissaient leurs rangs ne cessèrent de promener le massacre et l’incendie le long des rives occidentales du Sind ; néanmoins, ils ne franchirent pas ce fleuve avant l’an 1000 de notre ère. L’histoire sérieuse peut suivre avec intérêt les pas du chef qui les conduisit à la conquête de l’Inde, car ce chef fut, à quelques égards, un des hommes les plus remarquables qui aient porté une couronne, et l’état dans lequel fl trouva l’antique héritage de Manou dit plus haut et mieux que