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THÉÂTRES.

Je me contenterai donc de vous signaler au passage le grand succès de l’italien Salvini et l’échec complet de M. Rouvière dans le Roi Léar, au Cirque.

À l’Odéon, Schiller n’a pas été plus heureux que Shakspeare au théâtre du Cirque.

Au prochain numéro donc Schiller et Shakspeare, qu’on a le tort, à mon avis, de vouloir faire revivre dramatiquement au grand complet.

Henri Denys.
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LES DANSES DE L’OPÉRA.
MARCO SPADA. — Mmes FERRARIS ET ROSATI.

Homère place la danse parmi les plaisirs souverains, au-dessus du sommeil et de l’amour, et il la considère surtout comme le divertissement de l’honnête homme. Nous en avons fait un art, parce qu’elle a des règles ; et ceux qui ont l’âme exercée et sensible en sentent vivement toutes les beautés. On l’a déjà dit, elle exprime par le mouvement les plus secrètes harmonies du monde, les plus doux mystères de la vie humaine. Elle fait un concert de la vague étendue ; elle soumet l’espace indéterminé aux lois de l’être même ; elle le mesure, y établit l’ordre, en tire des accords et en fait une véritable symphonie. Il y a des gens qui ont une raison de l’aimer qui leur est toute particulière ; ils trouvent qu’elle est la poésie du silence, et ils se reposent en elle de ce ridicule bruit de paroles qui remplit le monde. On comprend ce sentiment chez les âmes exquises et fortes que les disputes sans fin, les décisions téméraires fatiguent à l’excès. Il est certain que l’on reconnaît plus clairement son image dans les jeux nobles et doux d’une danseuse que dans les plus beaux traités que l’on puisse imaginer. Voilà pourquoi l’on préfère aux vains systèmes l’art qui peint la vie humaine de la manière la plus aimable, la plus ingénieuse et la plus idéale, chaque soir, dans une salle magnifique, au milieu d’une fête, devant l’assemblée la plus choisie et la plus sensible.