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LE PRÉSENT.

mais qui, à l’état parfait, paraît une mouche du genre des hyménoptères, longue de deux centimètres à peu près, d’un aspect un peu métallique et cuivré. Ces dernières indications ne doivent pas être prises trop à la lettre, le pulvérin des cartouches ayant un peu envahi toutes les mouches que nous avons pu recueillir. Nous n’en avons pas trouvé de vivantes.

« Le trou ou la galerie creusée par l’animal perforant a de trois à quatre millimètres de diamètre. Cette galerie est construite en ligne directe ; l’intérieuren est parfaitement uni ; c’est un travail qui ne mérite que des éloges, comme tout ce que font les bêtes. Au surplus, l’animal paraît attaquer la balle sous tous les angles et se soucier très-peu de commencer sa galerie normalement à la surface du projectile.

« L’insecte mange-t-il le plomb ? c’est peu probable au dire des savants. Mais s’il ne travaille pas pour se nourrir à la façon des tarets qui rongent le bois, et s’il cherche seulement à se préparer un abri, une espèce d’asile inviolable pour y subir ses métamorphoses, comment se fait-il que les galeries ne soient point masquées ou bouchées à leurs extrémités ? Comment se fait-il qu’au lieu de galeries complètes, plusieurs de nos balles présentent de simples sillons semi-cylindriques, laissant l’animal à découvert sur une moitié de son corps ? Dans ce cas, c’est le dos et les ailes de la mouche qui sont apparents ; le ventre et les pattes sont cachés par un demi-cylindre de plomb formant comme un berceau. »

M. Duméril, qui a pris connaissance des pièces déposées par M. le maréchal Vaillant, a reconnu l’insecte pour appartenir à l’ordre des hyménoptères. C’est un urocère ; ce nom a été donné à l’animal à cause de la tarière que porte la femelle à l’extrémité du ventre.

L’observation de cet insecte date déjà d’assez loin. Réaumur a parfaitement décrit et figuré la structure de cette tarière dans le passage suivant :

« Cet instrument a un étui composé de deux pièces creusées en gouttière. Ces deux demi-fourreaux forment une gaine au milieu de laquelle est la tarière, raide et capable de résistance ; elle a de chaque côté sept ou huit dentelures, et chaque dent est taillée en demi-fer de flèche. Cette tarière porte en outre d’autres petites dents situées sous la face inférieure ; toutes sont dirigées obliquement et régulièrement sur l’axe de la tarière avec laquelle elles forment des chevrons symétriques. »

D’après la description de Réaumur, cette tarière nous offre le modèle parfait de l’outil auquel les mécaniciens donnent le nom de fraise, et qui est destiné à régulariser des trous percés dans un métal.

Ce n’est pas, du reste, la première fois que des insectes ont osé s’attaquer aux métaux ; mais ordinairement ce sont des coléoptères qui opèrent ce genre de dégâts. M. Duméril cite, entre autres exemples, celui de deux bostriches capu-