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SCIENCES ET INDUSTRIE

phénomène physiologique commun à toutes les sensations qui s’opèrent par des organes doubles, nous ne percevons qu’une sorte de moyenne entre les deux sensations.

Mais pour certaines personnes qui ne sont pas prévenues de la possibilité de cette différence, elle peut être la source d’une grande gêne ou même d’une véritable infirmité. Chaque œil, en effet, s’efforce de s’adapter à la distance de l’objet, et lorsque celle-ci est convenable pour l’un des yeux, elle se trouve trop grande pour l’autre. Il en résulte donc un tiraillement qui fatigue l’organe de la vue ou bien se traduit par un tic désagréable. C’est ainsi que beaucoup de personnes prennent l’habitude de fermer un œil dans certains cas. Pour remédier à cette légère infirmité, il suffirait d’appliquer aux deux yeux des verres de différente force, ou même de n’en appliquer qu’à un seul œil.

Il est une seconde observation qui mériterait d’attirer l’attention de l’autorité qui veille à la salubrité publique. C’est que, pour pouvoir livrer des verres de lunettes à aussi bas prix que possible, certains fabricants se contentent de travailler leurs verres d’un seul côté. Ces verres sont vendus loyalement pour ce qu’ils sont par les fabricants, puis livrés au consommateur par les intermédiaires habituels. Comme il est facile de le comprendre, l’usage de tels verres doit être un véritable empoisonnement oculaire qui, malheureusement, frappe surtouteeux dont les yeux sont avec les bras la seule ressource. En effet, la surface non travaillée du verre est toujours plus ou moins ondulée, il s’ensuit que les différentes parties d’un verre travaillé d’un seul côté doivent agir comme autant de verr.es de foyers différents, de telle sorte que l’œil se trouve tiraillé par ses efforts pour concilier ces impressions diverses et les rapporter à un seul et unique objet.


Insectes qui rongent le plomb. — Dans une des précédentes séances de l’Académie des sciences, M. le maréchal Vaillant avait présenté à ses collègues des paquets de cartouches destinées à la garde impériale pendant la guerre de Crimée, et dont les balles avaient été percées, plusieurs même de part en part, par un petit insecte. Un de ces animaux a même été trouvé dans la galerie qu’il s’était creusée. Voici quelques détails extraits de la lettre de M. le maréchal Vaillant à l’ambassadeur de Russie, pour lui demander si cette observation a déjà été faite par les savants russes :

« Les balles sont, les unes simplement sillonnées, d’autres percées de part en part, par un insecte que nous n’avons pas retrouvé à l’état de ver ou de larve,