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SCIENCES ET INDUSTRIE

pénétrer par le gaz, et au bout d’un certain temps, chaque morceau est transformé en une masse spongieuse de fer dont la pureté dépend de celle du minerai.

Pour introduire le carbone dans cette masse, on le plonge dans une matière riche en carbone, liquide, susceptible de se décomposer par une haute température, et d’ailleurs d’un bas prix. Des rebuts de graisse ou de la résine fondue conviennent parfaitement pour cet objet.

On met ainsi le fer et le carbone en présence molécule à molécule. Il n’y a plus qu’à comprimer la matière en petites masses qui puissent facilement se charger dans les creusets et à la fondre ; on obtient un acier fondu d’excellente qualité, qui doit posséder l’homogénéité la plus parfaite.

D’après ce que nous venons de dire, pour assurer la perfection de l’acier, il ne suffit pas du mode de préparation, il faut encore une grande pureté de minerai. Cela est encore plus essentiel dans le procédé de MM. Chenot, où les parties inertes seraient nuisibles au moins par la place qu’elles occuperaient.

Leur mode de triage du minerai est des plus ingénieux. Il repose sur cette propriété que certains minerais de fer qui sont justement les plus riches et les {plus purs, sont attirables à l’aimant. MM. Chenot réduisent leur minerai en parties d’une grosseur convenable, et le soumettent à l’action d’une électro-trieuse de leur invention. Nous ne pouvons décrire ici cet appareil, mais on comprendra facilement que des électro-aimants mobiles passant à distance d’une toile sans fin sur laquelle est répandu le minerai, l’attirent, l’entraînent et le laissent retomber dans un compartiment spécial.

À en juger par les produits remarquables de l’usine d’essai établie à Clichy, près Paris, il n’y a pas lieu de douter que les deux établissements qui s’établissent pour exploiter ce système, l’un sur les frontières d’Espagne, l’autre près de Valenciennes, n’opèrent bientôt une sorte de révolution dans la production de l’acier fondu en France.


Quelques réflexions à propos des verres de lunettes. — Je trouve, dans le dernier numéro du compte-rendu de l’Académie des sciences, une note où M. Soleil fils, l’un de nos plus habiles opticiens, fait remarquer qu’il y aurait quelque intérêt à réformer l’échelle numérique actuellement en usage pour les verres de lunettes. Certes cette réforme serait à désirer ; les vices de l’échelle usuelle sont nombreux : elle est fondée sur les mesures anciennes ; en second lieu, les numéros les plus élevés correspondent aux verres qui ont le moins