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LE PRÉSENT.

tient l’acier naturel ou acier de forge. L’Allemagne produit de grandes quantités de cet acier.

La seconde méthode consiste à recarburer le fer. Pour cela on prend des barres de fer que l’on place dans de grandes caisses de tôle au milieu d’un mélange de poussier de charbon et de quelques autres substances. Ce mélange s’appelle cément : de là le nom d’acier de cémentation, que l’on donne aux barres ainsi préparées et maintenues pendant plusieurs jours à une haute température. Pour faire un bon service, l’acier, soit naturel, soit de cémentation, a besoin d’être corroyé, c’est-à-dire d’être replié plusieurs fois sur lui-même, chauffé au blanc soudant et façonné de nouveau en barres. Cette opération, qui se répète souvent plusieurs fois, répartit d’une manière uniforme le carbone dans la masse, et la rend plus homogène.

Enfin on obtient un produit d’une qualité bien supérieure en fondant, soit l’acier naturel, soit celui de cémentation, ou bien un mélange de tous les deux. L’invention de l’acier fondu date du dernier siècle. Elle est due à un horloger nommé Huntsman, né dans le comté d’York. L’acier fondu n’a été longtemps connu que sous le nom d’acier Huntsman.

Quoique les opérations que subit l’acier soient d’une grande influence sur sa qualité, il faut, toutes choses égales d’ailleurs, les meilleurs fers pour produire les meilleurs aciers. Les meilleurs aciers anglais sont fabriqués avec le fer de Danemora (Suède).

On doit à M. Chenot père, mort à la peine il y a deux ans, et à ses fils qui continuent son œuvre, un procédé tout nouveau et des plus remarquables pour fabriquer du premier coup des aciers fondus de qualité supérieure. Voici, en peu de mots, le principe de cette belle invention.

Le charbon, dans sa combustion, c’est-à-dire dans sa combinaison avec l’oxygène de l’air, forme deux composés gazeux : l’acide carbonique, qui contient une certaine quantité d’oxygène, et l’onde de carbone, qui en contient moitié moins. L’oxyde de carbone est toujours disposé, pour peu que la température soit assez élevée, à se combiner à une nouvelle quantité d’oxygène de manière à passer à l’état d’acide carbonique ; il n’est personne qui n’ait remarqué au-dessus des fourneaux allumés qui contiennent une certaine épaisseur de charbon superposé une longue flamme bleuâtre ; cette flamme est produite par la combustion au dehors du fourneau de l’oxyde de carbone formé ; si, par une cause quelconque, elle venait à s’arrêter, et que la ventilation fût insuffisante, malheur à tout être vivant qui s’exposerait à respirer ce gaz ! c’est à lui que les émanations du charbon enflammé doivent leur triste célébrité.

Si l’on dirige un courant d’oxyde de carbone, produit par la combustion incomplète du charbon, sur des oxydes de fer à une haute température, le gaz s’empare de leur oxygène ; le minerai ne change pas de forme, mais il se laisse