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LE PRÉSENT.

fait parler un auteur anglais ; car les Chevaliers du brouillard ne sont qu’une faible traduction soutenue par de magnifiques décors.

Aux Français, — cequi ne fait pas honneur à la génération actuelle des poètes, - on est obligé de reprendre le renceslas de ce Rotrou que Corneille se plaisait à appeler son père,ceci par pure modestie, je vous prie de le croire, car lorsqu’on a dejà écrit le Cid et Cinna, on est, il me semble, assez grand garçon pour n’avoir pas besoin d’aïeux. — Avant Venceslas, hélas ! d’autres anniversaires : Casimir Delavigne, Beaumarchais, etc.

Me voilà donc tout excusé de vous avoir fait attendre des critiques théâtrales ; je n’ai pas voulu attaquer, comme don Quichotte, des antagonistes imaginaires.

D’un autre côté, qu’eussiez-vous dit si je vous eusse pompeusementmené au Palais-Royal ? Voilà cependant le seul théâtre qui s’avise de signifier quelque chose. Ornée d’un langage un peu trop pittoresque, j’en conviens, la véritable comédie semble s’y être réfugiée avec armes et bagages. Ne vous indignez pas, de grâce, mon intention n’est pas de vous pousser au Palais-Royal ; je voulais tout simplement vous dire mon avis, en passant.

Nous n’avons donc rien de mieux à faire, chers lecteurs, que d’attendre que les chaleurs soient passées. Espérons que des jours plus calmes inspireront des œuvres plus saines et plus faciles à louer.

En attendant ces heureuses productions je me fais un vrai plaisir de vous annoncer une galerie de portraits dramatiques par M. Henri Denys. MM. les auteurs en vogue ne seront pas, je crois, très-flattés ; mais ils n’auront pas à se plaindre de la ressemblance ; elle est garantie pour longtemps.

Jules Dulaurens.
Étienne MELLIER, Directeur.