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LE PRÉSENT.

criera tant qu’il aura un souffle de voix. À côté de lui, une petite fiilemet son plaisir ailleurs. Elle joint les mains, elle marche dans le rang côte à côte avec son mélodieux compagnon ; mais elle tourne hypocritement la tète, et suit de l’œil dans les herbes quelque papillon qui joue, quelque sauterelle qui l’intéresse à ses bonds. Tout ce groupe est parfait. J’aime moins le vieux maître d’école qui se dresse maigre au dessus de tous ces bambins comme le cou décharné d’un vautour ; je le crois faux et exagéré. Ce que j’aime décidément beaucoup moins, c’est le paysage. La perspective manque, les arbres semblent près d’écraser toute cette procession mouvante, et puis ils ont des feuilles à reflets rouges comme je ne me rappelle pas en avoir vu. La lumière manque d’ailleurs. La scène se passe-t-elle le matin, à midi, ou le soir ? un grand peintre n’aurait pas manqué de l’indiquer par l’aspect général de l’air et de la lumière ; ici, on est réduit aux conjectures. Très-satisfaisant par certains côtés, ce tableau est loin d’être complet ; dès aujourd’hui on est en droit d’exiger mieux encore de M. Knauss.


Léon DALÉAS.