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POÉSIES.

Je le sens, je le sais, — voici les heures sombres,
Les jours marqués dans l’ordre impérieux des Nombres :
Aveugle à notre gloire et prodigue d’affronts,
Le temps injurieux découronne nos fronts,
Et, dans l’orgueil naissant de sa haute fortune,
L’avenir n’entend plus la voix qui l’importune.
Ô Rois harmonieux, chefs de l’esprit humain,
Vous qui portiez la lyre et la balance en main,
Il est venu, Celui qu’annonçaient vos présages,
Celui que contenaient les visions des sages,
L’Expiateur promis dont Eschyle a parlé !
Au sortir du sépulcre et de sang maculé,
L’arbre de son supplice à l’épaule, il se lève ;
il offre à l’univers ou les clefs ou le glaive ;
Il venge le Barbare écarté des autels
Et jonche vos parvis de membres immortels !
Mais je garantirai des atteintes grossières
Jusqu’au dernier soupir vos pieuses poussières,
Heureuse, si, planant sur les jours à venir,
Votre immortalité sauve mon souvenir.
Salut, Rois de l’Hellade ! — Adieu, noble Cyrille.


CYRILLE

Abjure tes erreurs, ô malheureuse fille,
Le Dieu jaloux t’écoute ! ô triste aveuglement !
Je m’indigne et gémis en un même moment.
Mais puisque tu ne veux ni croire ni comprendre
Et refuses la main que je venais te tendre ;