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POÉSIES.

CYRILLE

Qu’en sais-tu ? D’où te vient cette présomption
D’oser pousser au ciel ta malédiction ?
Quoi ! l’Église que Dieu pour sa gloire a fondée,
Du sang des saints martyrs encor tout inondée
Comme un phare éclatant dans le naufrage humain,
Si tu ne l’applaudis, va s’écrouler demain !
Tu braves à ce point l’éternelle Justice !
Tremble qu’elle n’éclate et ne t’anéantisse…
Mais je m’oublie, et Dieu, qui parle par ma voix,
Daigne encor t’avertir une dernière fois.
Femme ! si nous offrons en spectacle à nos frères
La barque de l’apôtre en proie aux vents contraires,
Touchant à peine au port, et, comme aux premiers jours,
Lancée en haute mer pour y lutter toujours ;
Si la victoire même a produit un mal pire
Par la contagion des vices de l’Empire ;
Si l’hérésie enfin, mensonge renaissant,
Souille notre triomphe en nous désunissant,
Et, germe de colère autant que de ruine,
Livre au caprice humain la parole divine ;
Si trop d’ardeur nous pousse à trop de liberté,
Ne t’en réjouis point dans ta malignité :
Nos passions du moins sont d’un ordre sublime !
Nous combattons en nous les esprits de l’abîme
Et nous voulons forger avec des mains en feu
La sereine unité de nos âmes en Dieu
Qu’importe tout un siècle écoulé dans l’orage,
Si l’arche du refuge est intacte et surnage !