Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/415

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
POÉSIES.

Nos dieux n’étaient-ils donc qu’un rêve ? — Ont-ils menti ?
Vois quel monde immortel de leurs mains est sorti,
Ce symbole vivant, harmonieux ouvrage
Marqué de leur génie et fait à leur image,
Vénérable à jamais, et qu’ils n’ont enfanté
Que pour s’épanouir dans l’ordre et’la clarté !
Quoi ! ce passé si beau ne serait-il qu’un songe,
Un vrai spectre animé d’un esprit de mensonge,
Une erreur séculaire où nous nous complaisons ?
Mais vous en balbutiez la langue et les leçons,
Et j’entends, comme aux jours d’Homère ou de Virgile,
Les sons qui m’ont bercée expliquer l’Évangile !
Ah ! dans l’écho qui vient du passé glorieux,
Écoute-les, Cyrille, et tu comprendras mieux.
Écoute au bord des mers, au sommet des collines,
Sonner les rhythmes d’or sur des lèvres divines,
Et le marbre éloquent, dans les blancs Parthénons,
Des artistes pieux éterniser les noms.
Regarde, sous l’azur qu’un seul siècle illumine,
Des îles d’Ionie aux flots de Salamine,
L’amour de la patrie et de la liberté
Triompher sur l’autel de la sainte beauté ;
Dans l’austère repos des foyers domestiques
Les grands législateurs régler les républiques,
Et les sages, du vrai frayant l’âpre chemin,
De sa propre grandeur saisir l’esprit humain !
Tu peux nier nos dieux ou leur jeter l’outrage,
Mais de leur livre écrit déchirer cette page,
Coucher notre soleil parmi les astres morts…
Va ! la tâche est sans terme et rit de tes efforts !
Non, ô dieux protecteurs de l’Hellade ma mère,
Que sur le Pavé d’or chanta le vieil Homère,