Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
L’ANNÉE DES COSAQUES.

— Où comptez-vous aller, Pierre ? lui dit-elle.

— Je ne sais trop. Nous allons nous enfoncer dans le bois. Ils se seront rabattus par là, nous les débusquerons.

Marguerite frissonna.

— Dans le bois, et de quel côté ?

— Un peu au hasard, du côté de l’Étang-Joli, peut-être.

— Non, non, pas par là. Il m’a semblé que j’en avais vu se glisser vers le sentier au Loup.

Elle indiquait un endroit exactement opposé à la baraque de l’étang.

— Va pour le sentier au Loup, la route m’est indifférente pouvu que je lève du gibier. Pauvre homme, fit-il en regardant le cadavre de Guillaume, quelque chose me dit que nous allons le venger.

Il jeta sur son épaule un lourd et long fusil, et prit une fourche à la main :

— Me souhaites-tu bonne chance, Marguerite ?

— Sans doute, Pierre. Bonne chance et au revoir.

— Tu m’as souri, Marguerite. Je suis fort comme dix hommes. Gare aux Russes qui me tomberont sous la main.

Il se mit à la tète de sa petite troupe, on le regarda partir et on se disposa à rentrer au village abandonné.


(La suite au prochain numéro.)

Alexandre MONIN.