— Où comptez-vous aller, Pierre ? lui dit-elle.
— Je ne sais trop. Nous allons nous enfoncer dans le bois. Ils se seront rabattus par là, nous les débusquerons.
Marguerite frissonna.
— Dans le bois, et de quel côté ?
— Un peu au hasard, du côté de l’Étang-Joli, peut-être.
— Non, non, pas par là. Il m’a semblé que j’en avais vu se glisser vers le sentier au Loup.
Elle indiquait un endroit exactement opposé à la baraque de l’étang.
— Va pour le sentier au Loup, la route m’est indifférente pouvu que je lève du gibier. Pauvre homme, fit-il en regardant le cadavre de Guillaume, quelque chose me dit que nous allons le venger.
Il jeta sur son épaule un lourd et long fusil, et prit une fourche à la main :
— Me souhaites-tu bonne chance, Marguerite ?
— Sans doute, Pierre. Bonne chance et au revoir.
— Tu m’as souri, Marguerite. Je suis fort comme dix hommes. Gare aux Russes qui me tomberont sous la main.
Il se mit à la tète de sa petite troupe, on le regarda partir et on se disposa à rentrer au village abandonné.
(La suite au prochain numéro.)