lui était favorable ; après la messe elle entra un moment dans la sacristie et étonna tout le monde par la lucidité de ses idées, la netteté de ses raisonnements et l’extraordinaire éclat de sa beauté. Elle se sentait forte, légère ; elle tendit la main au bon docteur en lui disant :
— Eh bien ! docteur, qu’en pensez-vous ?
Il lui tâta le pouls.
— Madame la princesse, vous êtes sauvée.
— Sauvée ! s’écria Georges. Il se pourrait !
Il la serra dans ses bras par un irrésistible mouvement.
L’empereur souriait.
— Madame la princesse sera l’ornement de ma cour. Vous ne garderez pas votre trésor pour vous seul, Georges. Quand nous serons rentrés, nous donnerons des bals, des fêtes… Pardon, monsieur le curé ; ces idées profanes…
— N’ont rien de coupable, Sire. On peut danser pourvu que l’on soit bon chrétien d’ailleurs et charitable. Sire, vous n’oublierez pas mes pauvres ? Et vous, madame ?
— Oh ! monsieur le curé, je suis riche. Nous sommes riches, n’est-ce pas, Georges ?
— Oui, madame, dit-il en souriant.
— Il n’y a donc plus de pauvres à Saint-Just.
L’empereur baisa la main de Marguerite.
— Princesse, vous êtes aussi bonne que belle. Mais si un peu d’émotion vous a fait du bien, trop pourrait vous nuire, demandez au docteur. Il faut aller vous reposer.
On prit congé du prêtre, on traversa l’église. Quand le nouveau couple parut sur le seuil, un cri s’éleva poussé par cent bouches : Vive le prince ! vive la princesse !
— Qu’ils sont fous ! Que je suis heureuse ! dit Marguerite. Et elle levait ses beaux yeux vers le ciel pour le remercier.
À ce moment une forte détonation se fit entendre ; Georges chancela et tomba dans les bras de Baptiste.
— Je suis mort, mais j’aurai été heureux un moment.
— Me voici, prince, c’est moi. Pourquoi ne m’avez-vous pas cru ? Il fallait épouser Marguerite.
C’était Pierre Jarry les traits hagards, les yeux en feu, un pistolet
