Le sommeil est plein de mystères qui ont toujours provoqué la curiosité, et en même temps sa nature ondoyante et fugace semble défier la plus pénétrante sagacité. Est-ce un affranchissement de l’âme humaine, un divorce avec les sens et un retour à la vie intérieure ? De graves écrivains l’ont affirmé, et ont cru saisir une pleine démonstration de la spiritualité de l’âme dans cette faculté qu’elle a de garder la pensée sans la collaboration des sens. Est-ce un commerce avec les puissances invisibles, comme le pensait le vieil Homère. « Combien, dit Jupiter, les hommes sont injustes envers les dieux ! Ils nous accusent de répandre sur eux tous les maux qui les accablent, tandis que seuls ils les attirent sur leurs têtes coupables et insensées ! J’avais averti Égysthe, par la voix de Mercure, qu’il ne devait pas tuer Agamemnon, qu’Oreste grandissait dans l’exil et ne laisserait pas le parricide impuni : jejui ai transmis une seconde fois cet avertissement dans un songe ; mais, hélas ! il a éconduit tous ces importuns conseillers, et, aujourd’hui, il expie tous ses forfaits. » Le sommeil ne serait-il enfin qu’une atténuation passagère et de la vie physique et de la vie spirituelle, un repos de l’âme et des organes qui répare leurs forces épui-