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UN TRIO D’AMIS.

JEAN, à Panurge.

Diable !

PANURGE, à Jean.

De peu je me contente :
Une nourriture abondante
Et délicate, s’il se peut ;
Pouvoir saisir tout ce qu’on veut,
Sentir son escarcelle ronde,
Quelques brillants pour le grand monde,
Une eau limpide pour les mains,
Pour les gencives de vieux vins !

PANTAGRUEL.

Tu n’as plus ombre de fortune ?

PANURGE, montrant son costume.

Ça saute aux yeux !

PANTAGRUEL.

Je t’en fais une !

JEAN, à part.

Peste !

PANTAGRUEL.

À partir de ce moment,
Je suis ton pourvoyeur d’argent.
(Il tend une bourse.)

PANURGE, hésitant.

Seigneur, vous êtes trop honnête…

(Se ravisant.)

Que votre volonté soit faite !…

J’ai omis de vous dire la présentation de Jean à Panurge.

PANTAGRUEL.

Messire Jean, que voici, ne me quitte que pour vaquer à de pieuses
occupations. Toutes mes bonnes œuvres passent par ses mains dis.
crètes ; mais en dehors du strict nécessaire, impossible de lui rien
faire accepter pour son propre compte. Une chasteté inébranlable entretient
la limpidité de son âme et les fleurs de son visage. Vous avez