odeur ? Eh bien ! tel est l’amour d’une coquette, sans couleur ni parfum.
Marietta laissait donc tomber derrière elle quelques miettes d’espérance, et Albert, les ramassant, y collait ses lèvres comme sur un fruit mûr pour apaiser ses désirs brûlants. On vit d’espérance, mais on en meurt ; il s’en aperçut et songea à voir de plus près la jeune fille qui demeurait chez sa tante.
Madame de Marsec était-elle veuve ? Je l’ignore, mais elle n’avait pas de mari et ne parlait jamais du défunt. Elle avait l’âge permis à une jolie femme, pas davantage ; c’est dire qu’elle rôdait autour de la trentaine. Il semblait que le temps l’avait épargnée ou rajeunie, ou que chaque année avait pris plaisir en passant à la doter d’une beauté nouvelle. Elle avait je ne sais quel charme dont on ne pouvait se défendre, je ne sais quelle grâce minaudière qui lui allait à ravir. Ses yeux, d’un bleu foncé, auraient eu trop de douceur sans un peu de malice ; sa bouche, fleurie à tromper les abeilles, eût été trop délicate sans une petite moue qui ne la gâtait pas. Elle était très-jolie et très-enfant, et blonde comme une moisson prête à être fauchée ; elle adorait les chiffons, eût volontiers joué encore à la poupée, et passait tous les jours trois ou quatre heures à sa toilette, qui était cependant la plus simple qu’on pût voir. Avec ses jupes bouffantes, sa fine taille, ses cheveux relevés sur le front, ses joues vermeilles et ses petits airs boudeurs, vous l’eussiez prise pour une bergère pimpante de Watteau, qui, s’ennuyant dans son cadre doré, était venue se mêler à la vie. Madame de Parabère lui aurait dit : « Ma toute belle, mettez-vous une mouche au-dessous de l’œil, et, avec de la poudre et des paniers, vous serez parfaite. »
La nièce était brune, la tante blonde, et vous leur auriez donné presque le même âge. Si j’avais eu à choisir entre ces deux adorables créatures, j’aurais été fort en peine, et, afin de m’épargner des regrets, je les aurais sans doute choisies toutes les deux.
Albert se fit présenter chez madame de Marsec ; plus tard ce fut mon tour : il eut besoin de moi. Bon gré mal gré il fallut me résigner à
