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CHRONIQUE.

les chiens ! et deux lévriers énormes vinrent se frotter tout joyeux contre ses jambes.

— Monsieur, dirent les témoins, nous sommes ici pour une affaire grave, ces plaisanteries…

— Messieurs, j’ai insulté votre ami, j’ai eu tort ; il veut se battre, je ne puis le lui refuser ; mais je suis libre au moins d’agir à ma fantaisie. Pstt ! allons donc ! et il sifflait dans sa cravache. Maudites bètes ! approchez ! Saluez la compagnie, fort bien !

— Messieurs, dit-il en s’adressant à ses adversaires, voici mes témoins. Je vous laisse à penser si la colère fut grande. Un cri de fureur sortit de toutes les bouches.

— Les voilà ; je n’en veux pas d’autres. Acceptez-vous, oui ou non. Pas d’in^ jures, surtout ! je vous fais manger.

— En place ! en place ! cria l’adversaire ivre d’indignation et de rage.

— Qui tirera le premier ?

— Vous, monsieur, qui voulez à toute force me tuer. Mais faites vite, je vous prie, mes témoins n’ont pas déjeuné, et ils doivent chasser ce soir. Une minute après, la casquette de mon oncle roulait à terre percée d’une balle.

— Bien tiré, fit-il en la ramassant ; puis il siffla dans sa cravache, appela ses chiens. Ici, Castor ! bas les pattes ! Messieurs, votre très-humble ; et il partit en fredonnant un air de chasse.

Il y a loin de mon oncle à M. Lymairac.’Je veux pourtant parler de lui aujourd’hui.

La Semaine Politique que M. Amédée de Césena vient de créer, cautionné, dit-on, par M. Mirès, ce millionnaire qu’on rencontre partout, aux coins de toutes les rues, de toutes les préfaces et de tous les parquets, si bien qu’on ne sait trop quand il forge son or ! la Semaine politique contient un article de M. Paulin, en réponse à celui de M. de Lamartine sur Alfred de Musset. Le critique qui fut jadis à la Presse, qui écrit maintenant au Constitutionnel, s’adresse dans le nouveau journal à la jeunesse d’aujourd’hui qui n’a qu’à oublier l’exemple donné par sa sœur aînée, si elle veut rester à la tête du mouvement, mériter l’amour et l’estime des hommes mùrs, compter pour quelque chose dans les destinées de la France, spes patriœ nati ! Il faut voir comment M. Lymairac traite les fils de 1830. Sceptiques, égoïstes, cupides, tels ont été, dit-il, les enfants de ce règne infécond ; le patriotisme n’était pour eux