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LES ÉVANGILES APOCRYPHES.

portes du paradis. L’ange m’a ordonné d’attendre votre arrivée et d’entrer dans vos rangs, » et les saints patriarches accueillent le nouveau venu, et disent en chœur : « Béni soit le père des miséricordes, le pasteur des gras pâturages, le dispensateur de la vie spirituelle ! »


DESTRUCTION DE JÉRUSALEM.

Titus est guéri d’un ulcère par la vertu de l’image du Sauveur empreinte sur le mouchoir de sainte Véronique et détruit Jérusalem pour punir la cité déicide ; et il vend trente juifs pour un denier, pour punir la trahison de Judas qui avait vendu son maître trente deniers.


Tels sont les passages qui nous ont paru les plus curieux dans les évangiles apocryphes. On peut remarquer qu’ils s’étendent avec complaisance sur les questions que les évangiles canoniques ont à peine effleurées : l’enfance du Sauveur et de Marie, la vie et la mort de Joseph, la descente de Jésus aux enfers. On y sent une foi naïve, qui multiplie innocemmentles miracles, comme pour répondre à toutes les questions que pose une impatiente curiosité. Sous la négligence du style qui trahit souvent un écrivain peu exercé, souvent même peu initié aux faits historiques les mieux établis, on voit jaillir soudain une large veine de poésie ; quelquefois cependant la main d’un hérétique a semé ses fictions dans ces pieuses légendes, inventé ou torturé les faits au gré de la secte qu’elle entendait servir.

Ainsi l’évangile de Thomas qui nous montre Jésus dur et farouche envers ses jeunes compagnons, punissant de mort la moindre offense, et ne les rappelant à la vie qu’en termes amers et dédaigneux, est évidemment l’œuvre d’un gnostique. Le sectaire a prêté à l’enfance de Jésus-Christ une physionomie déplaisante, pour détruire sa personnalité humaine, et ne laisser subsister que le fils de l’invisible sagesse. L’évangile de l’enfance semble dénoncer une source nestorienne. La Vierge s’y montre sans cesse miséricordieuse et secourable ; mais elle paraît y douter d’elle-même, et n’avoir emprunté à son fils aucune vertu. Elle donne aux malades l’eau qui a lavé le corps de son fils, le linge qui a entouré ses chairs, comme si elle n’était que la mère de l’homme et non du Dieu. Ailleurs on trouve des vestiges de 1 hérésie des millé-