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LE PRÉSENT.

fuyant devant la persécution d’Hérode. Fatiguée par la chaleur, la Vierge s’asseoit sous un palmier, et dit : « Je voudrais bien goûter aux fruits de cet arbre. » — « Comment, répondit Joseph, pouvez-vous former un tel désir ? Ne voyez-vous pas que ces fruits sont trop élevés pour que nous puissions les atteindre ? » mais à la voix de Jésus, les branches s’inclinèrent jusqu’aux pieds de Marie, et celle-ci put cueillir les fruits convoités.


JOSEPH.

Joseph était hé à Bethléem, de la tribu de Juda, de la race de David. Quoique versé dans les lettres sacrées et prêtre du Seigneur, il exerçait la profession de charpentier. Il eut d’une première femme quatre fils et deux filles, et il était veuf, lorsque la Vierge Marie n’avait que douze ans. Après la mort d’Hérode il révint à Nazareth, et conserva jusqu’au dernier jour la vigueur de l’àme et du corps. Sentant sa dernière heure approcher, il se rendit à Jérusalem, et fondant en larmes, il s’écria : « Ô Dieu de miséricorde, la mort est pleine d’angoisses, et glace d’effroi toute âme vivante. Envoyez-moi votre ange pour délivrer mon âme, et la remettre entre vos mains. Ne pesez poiht mes péchés dans les balances de votre justice, et ne permettez pas que je sois englouti sous les flots de la mer de feu que, toute âme doit traverser, avant d’apercevoir votre face. » Joseph était alors âgé de cent onze ans ; ses forces commençaient à le trahir, et les douleurs d’une mort prochaine étaient les seules qu’il eût jamais ressenties. Jésus le saisit doucement par la main, et Joseph lui dit : « Mon fils bien-aimé, mon Seigneur et mon maître, pardonnez-moi les soupçons lque m’inspira votre origine céleste ; ne m’abandonnez pas au moment suprême. » Marie prie Jésus d’adoucir les derniers moments de Joseph, et Jésus lui répond : « La mort des justes n’est pas une mort, mais l’avénement à l’immortalité. » Jésus ferme les yeux de Joseph, et ajoute : « Ô Joseph, pas un cheveu de ta tête ne périra, pas un atome de ton corps ne sera détruit. Quiconque donnera un verre d’eau en ton nom sera béni. Quiconque écrira ton histoire sera associé à tes mérites, ainsi que le pauvre, qui, ne pouvant faire mieux, donnera à un de ses enfants ton nom consacré. » Joseph est enseveli dans le tombeau de ses pères, et Jésus s’écrie : « Ô mort ! qui excites tant de frayeur, et