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LE PRÉSENT.

— Allons, mon aflaire est faite ! Écoute, petit : tu es encore trop jeune pour te faire tuer ; il faut te réserver, mon garçon ; nous ne pouvons pas tenir… Tâche de filer… Morbleu ! on m’a signé le grand congé !… Eh ! eh ! petit, tu perds tes cheveux.

Les cheveux de Marguerite venaient de se dérouler dans le feu de l’action et ondulaient sur ses épaules.

— Ah ! ah ! je comprends, fit le soldat. Et moi qui l’ai traîné dans la bagarre ! Pardon, excuse, mademoiselle ! Vaudrait mieux faire de la charpie… pas pour moi ; je suis toisé !… Garde à vous ! fit-il en se levant sur son bras ; voilà le tremblement qui arrive !… Vive l’Empereur !…

Il retomba inanimé.

Le tremblement, comme disait le vieux soldat, c’était une masse énorme de cavalerie qui arrivait à fond de train sur les quelques combattants éparpillés à l’entrée de la rue. L’ennemi, impatienté de cette résistance, avait voulu en finir. Marguerite sentit le sol trembler sous ses pieds. Elle voulut mettre son fusil en joue ; elle n’en eut pas le temps ; elle vit arriver dans la poussière le tourbillon foudroyant. Elle sentit un coup violent à la tête, entendit un cri et tomba près du cadavre du vieux soldat.

(La suite au prochain numéro.)

Alexandre MONIN.