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une terre étrangère pour préserver leur culte sacré ; ils étudiaient dans l’exil tout ce qui pouvait servir au bien futur de leur pays ; ils restèrent fidèles à leur mission ; par leurs longues souffrances, ils préparèrent et hâtèrent le jour de la renaissance de leur patrie ; ils ont bien mérité de l’humanité ! »

LITTÉRATURE.



À UNE MÈRE POLONAISE.
traduit de mickiewicz[1].


Ô mère ! si les yeux de ton fils bien aimé
Brillent de l’éclat du génie ;
Si déjà sur son front, à ton regard charmé,
Paraît l’antique honneur de sa noble patrie ;
Si de ses compagnons quittant l’essaim joyeux,
Il demande au vieillard ses chansons vénérées ;
Ou si des temps passés, tous pleins de ses aïeux,
Il écoute, pensif, les annales sacrées ;
Ô mère ! de ton fils le loisir est perdu.
Qu’à de bien autres jeux il doit être assidu !
De Marie, à genoux, cours invoquer l’image,
La mère des douleurs t’armera de courage.
Vois le glaive sanglant qui déchire son sein,
D’un coup mortel aussi ton cœur doit être atteint ;
Car, avant que la paix soit donnée à la terre,
Avant que les partis fassent trêve à leur guerre,
Dans un combat sans gloire à périr condamné,
Sans résurrection martyr abandonné,

  1. Cette traduction d’une des plus belles pièces du grand poète polonais est due à la plume de M. Baze, l’un des avocats les plus distingués du midi de la France, qui s’est fait aussi un nom dans les lettres. (Note du D.)