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C’est ainsi qu’à deux mariés
S’adressait le troupeau des joyeux conviés.

Oui, jeunes fiancés, riez, usez de l’heure
Où le plaisir encor est dans votre demeure !
Bientôt viendra l’instant où des baisers brûlants,
Jeune fille à l’œil noir, féconderont tes flancs.
Riez et jouissez, la peine arrive vite ;
A quoi bon la prévoir puisque rien ne l’évite ?
Vous voulez un enfant, il vous sera donné —
Neuf mois après un fils leur vint... Tasse était né !

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Cet enfant, il traîna d’abord, infortunées,
Comme un pesant fardeau, ses premières années ;
Un mal intérieur toujours le travaillait.
méditait le jour et la nuit il veillait.
On le voyait souvent loin de ceux de son âge,
Pensif, de la nature écouter le langage.
Seul, il se repaissait de cette intime voix
Qu’on entend dans les champs, que nous parlent les bois.
A ses impressions son âme abandonnée
Sans travail et sans but laissait couler l’année.
L’heure de l’avenir en lui se préparait
Sans que de ce travail lui-même eût le secret.
Seulement, quelquefois, son œil déjà livide
Des choses d’ici-bas entrevoyait le vide.
Des tristesses sans cause et d’étranges douleurs
D’un amer avenir présagaient les malheurs,
Et déjà, d’ici-bas comprenant le mystère,
Il avait fait deux parts des choses de la terre,