INTRODUCTION
Alfred Le Poittevin n’est pas tout à fait un inconnu. Les
admirateurs de Flaubert qui, non contents de lire avec passion
ses romans, ont voulu pénétrer l’histoire de sa vie et rechercher
au milieu de quels événements s’est écoulée sa jeunesse, n’ignorent
pas quelle affection profonde l’auteur de Madame Bovary
portait à ce camarade d’enfance. Tous les biographes de Maupassant
ont également rappelé que ce dernier était, par sa
mère, le propre neveu de Le Poittevin. Mais seules cette amitié
et cette parenté le recommandaient, jusqu’à ce jour, à l’attention
du public. On était bien d’accord pour proclamer qu’il
avait dû exercer, sur la formation intellectuelle de Flaubert,
une influence considérable ; mais personne n’en apportait la
preuve décisive et tout se bornait à de simples affirmations. En
effet, ses œuvres demeurant inédites, aucun argument sérieux
ne permettait d’en discuter la portée ni la valeur. Quant à son
caractère et à ses opinions, il fallait, pour le même motif, s’en
remettre aveuglément au témoignage, toujours un peu suspect
[1], de M. Du Camp, ou aux appréciations forcément
- ↑ Je dis suspect en général : car dans l’espèce, vérification faite, les Souvenirs littéraires de M. Du Camp semblent avoir très exactement rendu compte des aptitudes et du talent de Le Poitevin.