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L’observation comparée de la paix ou de la discorde au sein des sociétés, de la vertu et du vice chez les individus, du bien ou du mal dans les institutions, soulève des questions qui, au premier aperçu, semblent insolubles. Toutes les sociétés prospères ont vu dans la paix le bien suprême ; mais les individus sont portés au mal et à la discorde par une tendance innée. Les grandes nations, qui figurent dans l’histoire comme les modèles de l’humanité, ont toutes compris qu’elles avaient un puissant intérêt à instituer des hommes d’élite, chargés de réprimer cette tendance par leur exemple et leur autorité. Comment donc est-il toujours arrivé que ces mêmes nations ont obéi tôt ou tard à une inspiration contraire ? Pourquoi certaines races ; jadis classées comme modèles, sont-elles maintenant acharnées à la discorde ? Pourquoi détruisent-elles avec une sorte de fureur les institutions et les hommes qui autrefois avaient en charge les services de paix ? J’indique dans ce livre la réponse fort simple que donnent à ces questions l’histoire et les faits contemporains. Les hommes chargés de ces hautes fonctions se sont corrompus dans la richesse, la science et la force. Ils ont employé pour opprimer le peuple l’autorité qui ne leur avait été confiée que pour le servir.

La science résume donc, dans les trois axiomes