Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vie sauvage s’est constituée ailleurs dans des conditions très différentes, et elle présente alors les plus déplorables exemples de souffrance. Ici la cause première des phénomènes sociaux reste la même ; mais le contraste des lieux explique le contraste des résultats. Ce sont, en effet, les régions équatoriales du globe qui nous montrent les races d’hommes tombées aux limites extrêmes de la dégradation : tel est le cas, notamment, en Amérique, dans les contrées basses du bassin de l’Amazone. Les deux conditions physiques qui perpétuent la famille stable sur ce continent, près du cercle polaire, manquent dans les contrées de l’équateur, à ce point que la famille n’y existe pas. L’ardeur du climat détruit le respect de la femme consacré par les Commandements IV, VI et IX du Décalogue. Les productions spontanées du sol et des eaux sont plus abondantes que dans les régions boréales : les récoltes habituelles des sauvages, complétées souvent par la cueillette des œufs de tortue, offrent de grandes ressources ; mais les moyens de transport que réclame la vie nomade font presque toujours défaut. Aux époques périodiques de migration, il faut donc abandonner, c’est-à-dire condamner à la mort les faibles, les malades, les infirmes, les vieillards ; et en cela consiste la principale cause de dégradation pour ces races infortunées. Livrée aux impulsions d’une jeunesse