Page:Le Play - L’École de la paix sociale.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
L’ÉCOLE DE LA PAIX SOCIALE

constituent partout un pénible labeur. Cette opinion est justifiée par un fait. Les races boréales qui vivent de pêche et de chasse diffèrent toutes de certains peuples pasteurs que je signalerai plus loin (§ 8) : elles ne quittent jamais spontanément les localités qu’elles habitent.

Si, en raison d’une cause accidentelle, des individus appartenant à ces races sont amenés dans les contrées agricoles, ils succombent à la nostalgie, quand ils ne sont pas reconduits promptement au lieu natal. On peut caractériser le genre de bonheur dont jouissent les races de la région glacée, en disant qu’elles sont presque « obligées » de pratiquer la loi morale. Elles ne peuvent se procurer une foule de satisfactions physiques et intellectuelles, qui sont cependant compatibles avec le règne du bien. Ces satisfactions ne sont pas indispensables au bonheur, et elles déchaînent la souffrance dès que les populations en abusent. Tous les éléments de bien-être qui s’ajoutent à la jouissance du pain quotidien et à la pratique de la loi morale, constituent « la prospérité ». Les nations prospères ont toujours considéré la richesse, la science et la force comme les traits les plus enviables de leur condition.

Dans les régions chaudes, et surtout dans la région tempérée, les hommes ont toujours montré une tendance irrésistible vers ce complément de bien-être. Quand ils ont usé judicieusement