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là encore survinrent de graves mécomptes. Les successeurs de saint Louis ne respectèrent pas les libertés locales, qui avaient fait la grandeur de la féodalité. Abusés par les légistes[1], ils détruisirent les gouvernements locaux qu’ils auraient dû seulement contrôler, et ils prirent de plus en plus pour idéal l’absolutisme des empereurs romains. La corruption des gouvernants reparut avec ce triste régime : elle vint compléter le mal produit par l’absolutisme du clergé ; et, sous cette double influence, se produisit une nouvelle décadence de trois siècles.

Ainsi qu’il était arrivé précédemment, les caractères de cette quatrième période de notre histoire apparurent par degrés insensibles. De même que les semences de réforme avaient lentement germé au milieu de la décadence des Gallo-Romains, les symptômes d’une rechute s’étaient souvent montrés au milieu de la prospérité des sociétés féodales. Comme dans tous les temps, le mal inséparable de la nature humaine s’était perpétué par les guerres locales et les expéditions lointaines. Mais, dès le commencement du XIVe siècle, la corruption fut à la fois inoculée au corps social par les clergés que

  1. M. Coquille a mis en lumière, avec beaucoup de sagacité, la désorganisation jetée par les légistes dans les institutions féodales ; ces travaux, insérés dans le journal Le Monde, ont été réunis en un volume intitulé : Les Légistes ; Paris, 1863.