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au XIe siècle, les papes, excités par l’opinion publique à s’immiscer dans les intérêts temporels, dominèrent de plus en plus les souverains laïques ; mais la corruption des clercs grandit aussitôt (§ 14, n. 13) dans la même proportion que leur pouvoir. Certaines autorités ecclésiastiques s’habituèrent à compter sur la force du bras séculier, pour sauvegarder les croyances que leurs prédécesseurs faisaient naître par les efforts de leur éloquence et les exemples de leur vertu. Les admirables ressources morales et matérielles que le christianisme avait créées furent en partie neutralisées par les entreprises violentes des empereurs allemands contre la papauté, par les envahissements de l’Islam, par les machinations des antipapes, par les désordres qui furent la conséquence des croisades, et par les cruautés que suscita la répression des hérésies.

À la vue de ces maux, les peuples perdirent le souvenir des bienfaits que leur avait d’abord assurés l’immixtion des clercs dans le gouvernement temporel des États. Ils reportèrent sur la monarchie féodale toutes leurs espérances ; et celles-ci s’accrurent singulièrement, vers la fin du XIIIe siècle, lorsque le règne de saint Louis eut montré l’heureuse influence qu’exercent, en ce qui touche les intérêts temporels, des autorités laïques sagement pondérées, soumises aux préceptes du Décalogue et de l’Évangile (§ 14). Mais