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assurer la pratique du Décalogue[1] ; enfin il donnait personnellement, avec les classes dirigeantes, l’exemple de cette pratique[2].

La prospérité du moyen âge, créée surtout par le christianisme, fut en outre provoquée

  1. « Il publia, avec l’avis et le consentement général de ses barons, une ordonnance célèbre sur les devoirs et les obligations des baillis et autres ministres de la justice. Il y défend généralement à touts ses sujets les blasphesmes, la fornication, les cabarets hors les passans. » (Ibidem, t. IV, p. 47.) — « Une des principales choses que fit saint Louis pour le bien de la France fut l’institution des Parlements. Il les faisoit tenir touts les ans après la Pentecoste, après la Toussaint et après la Chandeleur. » (Ibidem, t. IV, p. 48.) — Soumis à toutes les pratiques de la religion, saint Louis s’opposa fermement aux empiétements du clergé. Il refusa de frapper par le bras séculier les excommuniés dont le crime n’aurait pas été constaté par sa justice. Pour motiver ce refus, il dit aux évêques assemblés : « Je vous donne l’exemple du comte de Bretagne, qui a plaidé sept ans avec les prélats de Bretagne, « tout excommunié, et a tant fait que le pape les a condamnés tous. Donc si j’eusse contraint le comte de Bretagne, la première année, de se faire absoudre, j’eusse péché contre Dieu et contre lui. (Joinville, Histoire de saint Louis, xiii.)
  2. À cette époque, les classes dirigeantes de la France donnèrent l’exemple d’une perfection morale qui était déjà détruite, à la cour de Rome, par la pernicieuse influence de la richesse et du pouvoir (§ 15). Joinville raconte en ces termes les adieux que lui fit le légat du Pape, en 1254, au moment où saint Louis quittait la Terre-Sainte : « Alors le légat me dit que je l’accompagnasse à son hôtel. Il s’enferma, lui et moi sans plus, et me mit les deux mains dans les siennes, et commença à pleurer très-fort ; et quand il put parler, il me dit : Sénéchal, je suis très-joyeux, et j’en rends grâces à Dieu, de ce que le roi et les « autres pèlerins échappent au grand péril là où vous avez été en cette terre ; et je suis en grand chagrin de cœur de ce qu’il me faudra laisser votre sainte compagnie, et aller à la cour de Rome au milieu de ces déloyales gens qui y sont. » (Ibidem, CXX.)