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scriptions plus étendues qui échelonnaient entre la baronnie et l’État, régnait toute l’indépendance compatible avec la conservation de l’ordre social. Quant au souverain placé au sommet de cette puissante hiérarchie, il se croyait lié envers ses sujets par des obligations fort impérieuses[1] : il défendait le pays contre les agressions du dehors ; il conservait à l’intérieur la paix publique ; et il jugeait en appel certaines décisions rendues par les juridictions inférieures. Il conservait d’ailleurs, dans ses rapports avec les gentilshommes, la tradition de l’égalité originelle des Franks. Selon cette même tradition, il les associait au gouvernement de l’État ; ainsi il rédigeait avec le concours des barons, dans des assemblées annuelles, les lois les plus importantes, celles qui tendaient à

    Charles (Histoire de la Ferté-Bernard. Mamers (Sarthe), 1869 ; 1 br. in-8o, p. 9.)

  1. Saint Louis enseignait les devoirs de la royauté à son fils aîné dans les termes suivants : « Beau fils, dit-il, je te prie que tu te fasses aimer du peuple de ton royaume ; car vraiment j’aimerais mieux qu’un Écossais vint d’Écosse, et gouvernât le peuple bien et loyalement, que si tu gouvernais mal, au vu de tous. » (Joinville, Histoire de saint Louis, p. 28.) — Blanche de Castille, mère de saint Louis, lui répétait souvent « qu’elle aimeroit mieux le voir mort que de lui voir commettre un seul péché mortel, et que s’il se trouvoit en estat de ne pouvoir conserver sa vie que par un péché mortel, elle aimeroit mieux le laisser mourir que de souffrir qu’il perdist la vie de son âme en offensant son Créateur. » (Lenain de Tillemont, Vie de saint Louis, t. Ier, p.408.)