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de la féodalité. La paix publique était suffisamment assurée dans les domaines dépendant d’un même fief, et dans les fiefs relevant de chacune des suzerainetés qui existaient en grand nombre sur le territoire de la France. Mais la guerre éclatait souvent entre les petits suzerains ; en sorte que ceux-ci, les plus faibles surtout, étaient intéressés à organiser une paix durable. Ce grand résultat fut peu à peu obtenu, pour la majeure partie de la France, par l’établissement de la monarchie féodale, qui ne fut d’abord qu’une suzeraineté superposée à toutes les autres. Ce nouveau régime porta tous ses fruits lorsque le pouvoir du roi de France fut accepté par tous les grands vassaux, sans que ceux-ci eussent rien perdu de l’autorité qu’ils pouvaient utilement exercer, sans que la moindre localité cessât de relever directement de son seigneur.

Cette grande époque de bonnes mœurs, de paix intérieure et de prospérité eut pour apogée le règne de saint Louis (1226-1270). La France offrit alors les germes fort développés des meilleures institutions que les sociétés humaines aient créées jusqu’à ce jour. Les familles étaient organisées, dans la majeure partie de la France, selon les deux meilleurs types[1], et elles jouis-

  1. La famille patriarcale (§ 6) se constitua surtout chez les tenanciers ruraux : c’est de cette époque que datent les excellentes familles de métayers du Limousin, du Berri, du Morvan