Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tribus gauloises, et substitua les guerres générales aux simples luttes de localité.

C’est ainsi que les forces morales et intellectuelles des Gaulois s’affaiblirent, pendant que celles des Romains grandissaient, sous les influences opposées. Tandis que ces derniers se fortifiaient à l’intérieur par la concorde, imitaient les bonnes pratiques de leurs ennemis (§ 62), perfectionnaient la discipline, la tactique et l’armement de leurs troupes, les Gaulois, affaiblis par les discordes intestines et s’exagérant la supériorité de leur race, se faisaient un point d’honneur de demander seulement leurs succès guerriers à la valeur individuelle. Ils méprisaient les moyens de défense, et repoussaient les armes perfectionnées. Ils poussaient l’aveuglement au point de négliger l’art de tremper leurs aciers, dans le temps où ils prodiguaient l’or et l’argent dans leurs costumes de guerre. L’histoire a suffisamment indiqué comment la Gaule dut la perte de son indépendance aux dissensions, à l’imprévoyance, à la présomption et à l’indiscipline de ses races héroïques. Après la conquête, la domination des cités, soumises elles-mêmes à la centralisation de Rome, détruisit peu à peu une nationalité qui reposait depuis quinze siècles sur les mœurs pastorales et agricoles. L’abus de la richesse vint tarir plus que jamais les vraies sources de la prospérité. L’absentéisme des grands pro-