Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

miration pour la civilisation matérielle des Grecs et des Romains. Les nouvelles classes dirigeantes exagérèrent désormais, au lieu de le réprimer, l’instinct funeste qui avait toujours porté la race gauloise à constituer des agglomérations travaillées par des discordes intestines. Elles abandonnèrent peu à peu leurs domaines à foyer central (§ 46) des rivages de la Manche, des Pyrénées et des autres pays d’élevage, les bourgades à banlieues morcelées (§ 46) des vallées ou des plaines à céréales, et même les résidences d’été des montagnes et des forêts (§ 12). Elles se groupèrent avec leurs richesses dans des cités entourées de murs, et elles constituèrent ainsi naturellement la domination abusive qui fut dès lors exercée par ces cités sur les campagnes. Cette domination contribua beaucoup à la désorganisation sociale de la Gaule. Les faibles liens qui, sous un régime de partages incessants, rattachaient les tenanciers aux propriétaires, subirent, par l’absentéisme de ces derniers, un nouveau relâchement. Les fécondes habitudes du patronage rural furent remplacées par les stériles débats du forum. Les satisfactions, fondées sur le luxe et la violence, remplacèrent celles qui étaient autrefois demandées au travail et à la paix. Enfin, le développement des cités, en concentrant les moyens de défense et d’attaque, organisa, à vrai dire, l’antagonisme des