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de grands services. Le système électif et le régime des clientèles accordèrent bientôt aux largesses des riches l’autorité qui appartenait précédemment à la sagesse des Druides et au courage des guerriers. À partir de ce moment, l’activité nationale sembla adopter pour but le luxe des vêtements, des meubles et des repas. Alors s’organisèrent de toutes parts, au grand étonnement des voyageurs, ces immenses et interminables banquets auxquels les nouveaux patrons convoquaient leurs clients, souvent même des populations entières[1].

La décadence, due à un progrès de richesse qui n’avait pas pour contre-poids le progrès des mœurs, fut singulièrement aggravée par le changement des habitudes de résidence. L’exemple des colonies étrangères du littoral méditerranéen, les rapports établis avec les colonies gauloises de la Cisalpine, les expéditions dirigées vers les régions méridionales, firent naître l’ad-

  1. Athénée, en se référant aux récits du grec Posidonius, qui voyageait dans la Gaule à une époque comprise entre la conquête des Romains et la naissance de J.-C., signale dans les termes suivants les profusions d’un riche Gaulois : « Il fit une enceinte carrée de douze stades, où l’on tint, toutes pleines, des cuves d’excellente boisson, et une si grande quantité de choses à manger que, pendant nombre de jours, ceux qui voulurent y entrer eurent la liberté de se repaître de ces aliments, qui étaient servis sans intermission. » (Athénée, traduction par Lefebvre de Villebrune. Paris, 1789 ; 5 vol. in-4o, t. II, p. 85.)