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mencèrent de bonne heure à tirer parti des qualités de leur territoire ; et les géographes anciens se plurent à signaler les avantages qui leur étaient assurés par la nature[1]. L’industrie pastorale, importée par tous les immigrants, avec le bœuf et le mouton, des steppes asiatiques et pontiques[2], se développa rapidement sur les hautes montagnes, le long des cours d’eau et dans les clairières des forêts : elle donna aux populations des moyens réguliers de subsistance et des habitudes sédentaires. Le travail agricole, également importé par plusieurs tribus, avec le froment et d’autres céréales, vint plus tard accroître les ressources alimentaires et affermir la stabilité. De petites bourgades, régies par des chefs librement élus, se multiplièrent sur la lisière des forêts, à proximité des eaux vives, des prairies et des champs. Des résidences isolées, accompagnées de métairies, s’élevèrent de toutes parts, près des hauts pâturages et au milieu des forêts offrant des conditions favorables à la chasse, à l’élevage des troupeaux et à la nourriture des porcs. La prospérité devint générale et se manifesta par son symptôme habituel, la fécondité des familles. Elle atteignit ses plus grandes proportions au vie siècle avant Jésus-Christ, et se

  1. Strabon, IV, i, 12.
  2. F. Le Play, Description de la steppe pontique. (Voyage dans la Russie méridionale, t. IV, p. 4 à 11.)