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Fortifiés par ces bienfaisantes influences, les Gaulois réagirent peu à peu, sans se corrompre, contre la rudesse et la férocité de leurs mœurs. Le régime de communauté établi dans chaque clan, selon le génie de la race, fut moins souvent troublé par les prétentions individuelles. Les rivalités traditionnelles des divers clans furent également atténuées par les Druides, qui exerçaient un haut arbitrage sur la race entière, et qui réunissaient dans leurs écoles la jeunesse de toutes les classes dirigeantes. L’influence sociale des femmes s’employa également à adoucir les mœurs et à calmer les dissensions intestines. D’un autre côté, les Gaulois com-

    seraient déférées à l’arbitrage des femmes de la localité. Strabon cite également le trait suivant:« Chez les Cantabres (les Basques), ce sont les maris qui apportent une dot à leurs femmes ; et ce sont les filles qui héritent de leurs parents et qui se chargent du soin d’établir leurs frères. De pareils usages annoncent le pouvoir dont le sexe y jouit, ce qui n’est guère un signe de civilisation. » (Strabon, III, IV, 18.) La coutume que critique l’auteur grec est celle qui a le plus contribué à conserver chez les Basques une fécondité et une liberté que l’Europe entière pourrait envier. En vertu de cette coutume, la fille aînée hérite du domaine paternel, au même titre que le fils aîné ; et, dans ce cas, les mariages ainsi que les générations se succèdent plus rapidement. Ce régime spécial des familles-souches s’était conservé intact, jusqu’à l’époque de la Terreur, chez les Basques français. (Les Ouvriers des deux Mondes, t. Ier, p.107.) Le Code civil achève en ce moment de le détruire, avec des circonstances lamentables qui, en 1869, paraissent avoir touché les magistrats de notre cour de cassation. (Voir l’arrêt Dulmo du 23 mars 1869, confirmant l’arrêt, en date du 14 juillet 1866, de la cour de Pau.)