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trophées de guerre, par une confiance excessive dans leur personnalité, par leur répugnance contre toute autorité qui ne reposait pas sur une supériorité évidente. Ils l’emportaient par deux traits principaux sur toutes les races primitives dont l’histoire ait gardé le souvenir. Ils acceptaient l’autorité d’un corps de prêtres, de savants et de juges, les Druides, qui se recrutaient librement, sans esprit de caste, parmi les plus éminentes individualités de toutes les tribus, et qui vivaient, loin des bourgades gauloises, disséminés par petits groupes au milieu des forêts. Plusieurs tribus accordaient au caractère de la femme un respect qui ne s’est offert au même degré chez aucune autre race. Ils attribuaient un rôle important à la vierge et à la mère dans le culte, dans la famille, dans l’apaisement des querelles survenues entre les clans, et même dans les rapports internationaux[1].

  1. MM. A. Thierry et H. Martin, qui se sont adonnés avec prédilection à l’étude des Gaules, ont recherché avec soin, dans Plutarque et les autres écrivains de l’antiquité, les passages qui signalent la chasteté, l’intelligence, le courage et, en résumé, l’ascendant social de la femme gauloise. Parmi les traits de mœurs principaux figurent : le libre choix des époux par les jeunes filles ; l’éducation donnée exclusivement par les mères à leurs fils, jusqu’au moment où ceux-ci commençaient l’apprentissage des armes. Comme exemple de la vertu des femmes gauloises, Plutarque (traduction d’Amyot, Paris, 1819, t. IV, p 148) cite le traité conclu entre Annibal et une tribu de la Gaule méridionale : il y était stipulé que les réclamations élevées par les Carthaginois, pendant leur passage sur le territoire de la tribu,