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même fort apparente chez les populations rurales, selon qu’elles habitent les montagnes vouées à l’élevage, ou les plaines à céréales ; selon qu’elles cultivent des domaines agglomérés à foyer central, ou des domaines relevant de villages à banlieues morcelées (§ 46). Sous ce rapport, l’histoire du genre humain se résume en quelques traits.

Les fertiles steppes de la haute Asie offrent, sous un climat tempéré, loin des grandes voies commerciales, d’inépuisables ressources à l’industrie pastorale. Depuis les âges les plus reculés, les pasteurs nomades de cette région constituent, en quelque sorte, le grand réservoir du genre humain. Ils ont toujours prospéré au moyen d’une seule institution, la famille patriarcale (§ 6). Soumis à l’autorité la plus bienveillante et la moins corruptible, vivant dans l’abondance sans pouvoir accumuler la richesse, cultivant leur intelligence par la méditation, sans échapper à la salutaire influence des travaux manuels, ces peuples ont toujours réussi mieux que les autres à pratiquer le bien et à repousser le mal (§ 64). Les peuples agriculteurs, qui jouissent de vastes pâturages indivis, restent à peu près dans les mêmes conditions s’ils conservent, avec la famille patriarcale, la pratique des résidences rurales, à l’imitation des anciens Gaulois (§12) et des Franks (§ 14). Enfin, lorsque le sol est com-