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tent surtout leur admiration, importent à la prospérité des peuples beaucoup moins que l’amélioration de l’ordre moral ; et quand ces progrès se produisent seuls, ils engendrent rapidement le mal. Les inventions mémorables, qui ont eu lieu de notre temps dans les arts usuels et dans les sciences physiques, n’entraînent nullement des découvertes correspondantes dans l’ordre moral. Loin de là, l’esprit d’innovation est aussi stérile dans l’ordre moral qu’il est fécond dans l’ordre matériel. À aucune époque de son histoire, un peuple n’est fatalement voué ni au progrès ni au déclin. Il ne passe pas nécessairement, comme chaque individu, de la jeunesse à la vieillesse. Il peut, en se corrompant, tomber dans la décadence ; mais il retrouve la prospérité en revenant à la vertu.

L’action physique du sol et du climat contribue beaucoup au bien-être ou au malaise d’une race d’hommes ; mais elle peut être dominée par les influences qui émanent du mépris ou du respect de la loi morale. Cette action se modifie elle-même selon la nature de la résidence et des travaux. Ainsi, il existe un contraste profond entre les peuples nomades et les peuples sédentaires. Le contraste est encore apparent, chez les nomades, entre les chasseurs et les pasteurs ; chez les sédentaires, entre les habitants des villes et ceux des campagnes. La différence est