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provient seulement des institutions sociales. Cette fausse doctrine érige, pour ainsi dire, en dogmes deux sentiments fort dangereux : le mépris de toute autorité, et l’amour des révolutions. Depuis quatre-vingts ans, la France, plus que toute autre nation, a répandu ces erreurs dans l’Occident ; et j’ai souvent constaté que nul effort ne ramène au vrai ceux qui fondent le succès de leur carrière sur la propagation de ces prétendus principes. Il est vrai que certains hommes, abandonnés à leurs tendances naturelles, inclinent constamment vers le bien, surtout depuis que Jésus-Christ a donné au monde le modèle de la perfection ; mais d’autres, en plus grand nombre, pratiquent le mal avec persistance ; et presque tous montrent l’association continuelle des deux propensions. Les institutions sont bonnes ou mauvaises, selon qu’elles favorisent l’un ou l’autre de ces instincts opposés ; elles ont, d’ailleurs, pour criterium les résultats, c’est-à-dire les phénomènes de prospérité ou de décadence (§ 7).

Les historiens classiques ont propagé beaucoup de fausses impressions sur les phénomènes de prospérité ou de décadence, comme sur l’origine du bien et du mal. Ils ont habituellement méconnu les vérités suivantes qui dominent ces phénomènes.

Les progrès de la richesse et de l’art, qui exci-