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à fond[1] l’opinion égarée. Je me suis éclairé auprès d’eux, autant que les circonstances me l’ont permis ; et je puis résumer en peu de mots les notions du vrai et du faux que j’ai puisées dans leurs écrits et leurs entretiens.

Pendant les époques vouées au bien, les événements sont uniformes et offrent peu de retentissement. Les familles mettent leur gloire à élever une nombreuse jeunesse qui dépasse les ancêtres en talent et en vertu. Les Autorités sociales propagent autour d’elles le respect du Décalogue et de la Coutume. Établies, pour la plupart, à la campagne, elles emploient les fruits du travail à assurer le bien-être des populations, à améliorer leurs résidences, à développer leurs ateliers et à fonder de florissantes colonies. Sous le régime de contrainte, comme sous le régime de liberté (§ 8), le souverain et ses agents laissent aux Autorités sociales le soin du gouvernement local (§ 68) ; ils bornent leur action à faire régner dans l’État l’ordre moral et la paix publique. Ces époques, peu favorables aux effets de style que recherchent les historiens classiques, échappent, en outre, à leur attention en raison de leur courte durée.

On a souvent affirmé que l’humanité est naturellement portée vers le bien, et que le mal

  1. Voir la note précédente.