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du mal. La rigueur du climat réprime l’appétit sensuel le plus dangereux[1]. Les territoires incultes offrent aux populations d’abondantes ressources et de faciles moyens d’établissement. La nature des productions du sol et l’absence des grandes voies commerciales se prêtent peu aux accumulations de richesse, puis aux développements d’orgueil et de scepticisme qui, à toutes les époques et sur toutes les scènes de l’histoire, ont été les sources de corruption. En outre, une foule de Coutumes locales, dérivant pour la plupart de ces causes premières, contribuent encore à conserver l’état traditionnel de bien-être, de stabilité et d’harmonie. Parmi les conditions naturelles, les institutions et les mœurs qui tendent à fixer le régime du bien dans ces régions, j’ai observé, en première ligne : chez les nomades, la vie pastorale, liée à la possession indivise de forêts et de steppes fertiles[2] ; dans les contrées glaciales, les travaux de la pêche, de la chasse[3] et du pâturage, avec les influences

  1. « Il n’y a pas de passion plus violente que la volupté… Par bonheur, il n’y a qu’une passion de ce genre ; car s’il y en avait deux, il n’y aurait pas un seul homme en tout l’univers qui pût suivre la vérité. » (Le Ve précepte de Chakya-Mouni, cité dans le Voyage de Tartarie, de M. l’abbé Huc, t. II, p. 150.)
  2. Les Ouvriers européens, I, p. 56.
  3. Même chez les populations sédentaires de la Russie, de la Suède et de la Norwége, la pêche et la chasse jouent un certain rôle dans l’existence des populations. [Les Ouvriers européens (O) ; voir le § 8 des monographies III, VI et VII.]