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juristes, quelque habiles qu’on les suppose, comment de médiocres hommes politiques, échappés par leur lâcheté aux massacres de la Terreur, comment des esprits sans haute culture, comme la plupart de ceux qui composaient la tête de la France en ces dernières années décisives, eussent-ils résolu le problème qu’aucun génie n’a pu résoudre : créer artificiellement et par la réflexion l’atmosphère où une société peut vivre et porter tous ses fruits ? » (Questions contemporaines, préface ; 1 vol. in-8o ; Paris, 1868.)

2. Erreur de la Révolution au sujet de la liberté testamentaire, par M. P. Lanfrey.

« L’opinion[1] fut moins juste envers une mesure du Consulat relative au rétablissement du droit de disposer de ses biens par testament, bien qu’elle ne fût ni moins désirable, ni moins utile. Malheureusement les théoriciens de notre révolution n’avaient eu que trop de propension à sacrifier la propriété, comme tous les autres droits individuels, à l’État. Les passions égalitaires, égarées par le souvenir des iniquités de la propriété féodale, avaient été jusqu’à rêver la destruction de la propriété individuelle ; elles avaient applaudi à tous les coups qu’on lui avait portés. On ne s’était pas contenté de détruire le privilége ; on avait porté atteinte au droit. Ces préjugés étaient encore très-vivaces. Le public considérait comme une conquête de la révolution toutes les

  1. Celle qui prévalut dans la session du Tribunat, où fut prononcé le discours de Benjamin Constant. (L. 7.)