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liberté du testament est l’une des plus grandes preuves de sa liberté civile. » (Troplong, Traité des donations entre-vifs et des testaments ; 4 vol. in-8o, 1865, préface, p. ii.)

10. Opinion de M. Pinart.

« Cette double plaie que porte la famille, c’est en bas le morcellement du patrimoine, c’est en haut l’affaiblissement de l’autorité.

« Le morcellement du patrimoine a pu être, au début de notre nouveau régime économique, un élément de prospérité pour la culture ; mais, universel aujourd’hui à tous les degrés de l’échelle sociale, il a dépassé la mesure du bien qu’il devait accomplir, et il devient un péril qui s’aggrave à chaque génération.

« Dans les classes élevées, au sein de ces familles qui, sous toutes les formes politiques, doivent y garder le dépôt des traditions nationales, l’héritage se divise ou se licite à chaque décès. Avec la division qui le morcelle, ou la licitation qui le livre à des mains étrangères pour être partagé un peu plus tard, les relations cessent, de maître à tenancier, les liens doux et forts du patronage s’évanouissent. L’absentéisme devient une loi au lieu de rester une exception. Le riche s’éloigne du pauvre, comme le propriétaire du colon. Tout les sépare : leurs habitudes comme leurs intérêts ; et l’opposition des rangs, ferment d’envie pour les petits, péril ou menace pour les grands, s’aggrave dans de sérieuses proportions. » (Discours déjà cité, K.)