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l’homme à la vie. Or à quoi tendrait ce partage égal, cette division de propriétés ? Chaque portion de terre ne suffirait plus pour nourrir celui qui la possèderait. À la mort de chaque chef de famille, on serait obligé de vendre son champ pour en partager le produit, ou de le morceler ; dans ce dernier cas, l’attachement à la propriété, l’amour de la patrie est détruit dans ses éléments ; dans le premier, on verra s’établir de grandes propriétés aussi nuisibles que les petites. Car, lorsque toutes les fortunes sont dans un petit nombre de mains, un grand nombre de citoyens sont indifférents à la chose publique et ne sont pas même citoyens. Toutes les lois doivent donc tendre à donner aux propriétés cette fixité qui prévienne les deux inconvénients que je viens d’indiquer. La faculté de tester, laissée par la loi romaine aux pères de famille, est la conséquence nécessaire de la puissance paternelle, que sans doute vous ne voulez pas détruire. C’est par cette faculté qu’ils régissent leur famille et qu’ils en obtiennent du respect. »

(Assemblée nationale, séance du 5 avril 1791 : Moniteur.)

4. Opinion de Prugnon.

« Une vérité qui, comme la lumière, se voit sans qu’on la regarde, c’est que le père est le premier magistrat de sa famille ; c’est que cette magistrature, aussi ancienne que le monde et sur laquelle la pensée s’arrête avec tant de douceur, doit être modérément armée du droit de punir et de récompenser. Il ne lui faut sans doute ni hache ni licteurs,