Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/517

Cette page a été validée par deux contributeurs.

DOCUMENT G

IDÉES FAUSSES DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE TOUCHANT L’IMMIXTION DE L’ÉTAT DANS LE RÉGIME DU TRAVAIL.

Les ouvriers parisiens, inquiets de l’isolement où ils se trouvaient depuis l’abrogation des anciennes corporations d’arts et métiers, réclamèrent, dès 1791, le droit de se réunir dans un but d’assistance mutuelle, en cas de chômage ou de maladie. L’Assemblée nationale refusa de leur reconnaître ce droit, et elle chargea le député Chapelier de leur adresser la réponse suivante, le 14 juin de cette même année : « Il ne doit pas être permis aux citoyens de s’assembler pour leurs prétendus intérêts communs. C’est à la nation, c’est aux officiers publics, en son nom, à fournir des travaux à ceux qui en ont besoin et des secours aux infirmes. »

Une telle aberration ne s’était jamais produite avec un caractère officiel chez un peuple civilisé. Les gouvernants de cette triste époque (celle de la fuite de Varennes) désorganisèrent la France en inaugurant le régime de la Terreur[1], et ils inoculèrent aux masses, malgré de louables résistances, le vice du communisme. Ce déplorable régime a semé la plupart des erreurs d’où sortent aujourd’hui tant de maux.

  1. Ce fut alors, en effet, que les honnêtes gens, intimidés par les violences de la populace et la cruauté des gouvernants, cessèrent de défendre les principes fondamentaux de la religion, de la famille et de la propriété.