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ou ses vices, naît avec le droit de jouir, à une heure donnée, de la fortune de son père, sans avoir eu besoin de rien faire pour l’acquérir, l’augmenter ou la mériter… Le fils sait de bonne heure ce qu’il doit attendre ou exiger de son père dans telle ou telle éventualité. Comment le chef de famille n’aurait-il pas, de son côté, conscience de cette sorte d’antagonisme originel qui le trouve faible et désarmé contre l’indolence, les passions ou les écarts de ses fils ? Aussi, nous le répétons, combien d’édifices industriels ou commerciaux s’amoindrissent ou s’écroulent avec la génération qui les a fondés ! Combien de pères doivent renoncer au concours de leurs enfants, tandis que ceux-ci attendent, dans une oisiveté coupable, le moment de jouir sans travail du bien acquis par leurs parents ! Nous pourrions citer par centaines les exemples de ces décadences déplorables favorisées par la loi dont les pétitionnaires signalent ici les dangers.

« Dans de telles conditions, comment songer à créer des entreprises de longue haleine ? Qu’est-ce que notre marine marchande auprès de celles de l’Angleterre et des États-Unis ? Combien peu songent à aller porter ou entretenir la vie dans nos colonies ? Combien comptons-nous de représentants de la France exportant directement nos marchandises dans les contrées lointaines, où des millions de consommateurs se disputent les produits anglais ? »

Cette pétition amènera la réforme, dès que les gouvernants voudront bien fixer leur attention sur les faits qui y sont signalés.