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dans les termes suivants l’influence funeste que le droit à l’héritage exerce sur les mœurs de leurs enfants[1], et, par suite, sur la situation de leurs ateliers.

« Nous soussignés, manufacturiers, fabricants et commerçants, avons l’honneur de nous adresser respectueusement à la haute intervention du Sénat pour obtenir du gouvernement de l’Empereur que la liberté testamentaire soit substituée à notre régime actuel de succession… Autant le droit d’aînesse nous semblerait contraire à l’équité naturelle et au sentiment de la nation, autant la loi qui nous régit nous paraît un excès opposé, qui a pu avoir sa raison d’être temporaire, mais qui devient de jour en jour une cause plus marquée de préjudice et de dissolution pour les intérêts du pays… Le mal que nous signalons a pu demeurer douteux tant que la France s’est contentée d’un rang secondaire parmi les nations commerçantes… Mais aujourd’hui… nous avons été mis en demeure de lutter contre les peuples producteurs les plus avancés… La France industrielle a répondu à l’appel de son souverain en se préparant énergiquement à la lutte ; mais une barrière s’élève entre elle et le but proposé à ses efforts : notre régime de succession.

« En effet, tandis que l’Angleterre, sous l’empire de la liberté testamentaire, voit grandir et se perpétuer chez elle des établissements… qui accumulent

  1. On remarque, parmi les signataires de cette pétition, des hommes qui ont joué, en raison de leurs talents personnels ou de la supériorité de leurs établissements, un rôle éminent aux expositions universelles, en 1855, en 1862 et en 1867.