Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/508

Cette page a été validée par deux contributeurs.

eux la routine ancienne, la pratique usée, la résistance qu’il faut vaincre. » (R. de Fontenay, Journal des économistes, juin 1856, p. 401.)

Tous ceux qui ont enseigné avec succès la jeunesse ou qui ont dirigé utilement le moindre intérêt social, savent que la science des écoles n’est qu’une imparfaite préparation à l’apprentissage de la vie, et que celui-ci n’a d’autres limites que l’extinction des facultés par le progrès de l’âge. Ils connaissent donc la fausseté de cette doctrine et le danger de la conclusion qui prétend conférer aux écoliers l’aptitude à gouverner la société.

Cette aberration explique beaucoup de désordres de l’ère actuelle (§ 17). On attribue souvent nos incessantes révolutions à l’antagonisme de nos quatre partis rivaux ; mais on ne doit pas redouter moins l’accord qui s’établit entre eux, au sujet de certaines doctrines antisociales repoussées par les peuples libres et prospères. L’une des plaies actuelles de la France, dans tous les partis comme dans toutes les classes de la société, est ce mépris de la vieillesse qui ruine les plus féconds principes d’ordre matériel et moral. Quand la vieillesse a l’autorité qui lui appartient, les jeunes gens voient par cela même grandir le cercle de leur activité : ils travaillent plus efficacement à la prospérité commune ; mais, contenus par des vieillards que l’expérience a éclairés, ils ne demandent pas, comme chez nous, la réforme à des révolutions ou à de prétendus progrès (§ 58) qui ne font qu’accélérer la décadence.

Au surplus, chez les peuples prospères, il n’existe