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le promoteur d’une réforme jusqu’au jour où, sur l’ordre venu d’en haut, ils enjoignent à leurs administrés de la pratiquer.

Grâce au dur enseignement des révolutions, les particuliers concevront à la fin, pour les réformes, le dévouement qui, dans l’ère actuelle, a été si rare chez nous et si commun en Angleterre. Les ligues de la réforme se substitueront bientôt, il faut l’espérer, aux ligues de la révolution. Les gouvernants interviendront plus tard en temps opportun ; et dès lors toutes les forces du pays s’uniront pour réformer la loi et les mœurs[1].

La presse et la parole se trouvent ainsi appelées à jouer un rôle prépondérant au début de la réforme : elles doivent redevenir enfin ce qu’elles furent au XVIIe siècle, les auxiliaires de la vérité. La crise qui prit fin à cette époque rappelle, en effet, celle de notre temps. L’antagonisme social n’est pas moins dangereux pour les souverains de l’ère actuelle que l’antagonisme religieux ne le fut pour les derniers Valois. Les

  1. Cette marche semblera lente à quelques-uns ; mais l’esprit va vite, en France, quand il n’est point entravé par la contrainte ou égaré par la licence. La distinction de l’Église et de l’État, dont je signalais l’urgence en 1864 (R), s’écartait alors beaucoup de la pensée des gouvernants. Et cependant, à la fin de 1869, l’Empereur confiait l’organisation du gouvernement à un homme d’État qui fait de cette même réforme, au système financier près, un point de départ de sa politique. (M. Émile Ollivier, Le 19 Janvier, 8e édit., p. 408.)